"Il est des vedettes dont on n'ose pas dire qu'elles sont disparues. En effet, plus qu'immortelles, elles demeurent toujours parmi nous. Fernandel en fait incontestablement partie.
    Trente ans après sa dernière apparition à l'écran, il rayonne toujours sur toutes les chaînes de télévision où la plupart de ses films ne justifient leurs rediffusions successives que par sa présence vivante -à l'instar d'un Raimu, par exemple. Là est l'apanage des grands, des seigneurs du spectacle, de la comédie et de la tragédie.
    Cette vie qui n'en finit pas de nous faire rire et pleurer, son fils Franck l'a vécue au plus près, y forgeant sa propre personnalité d'artiste. Avec son côté cour et son côté jardin. L'intimité d'un homme qui avait certes ses qualités et ses défauts, mais aussi le comédien unique à la carrière exceptionnelle, adulé par tous les publics et formidablement humain. Avec encore ses vécus douloureux et ses bonheurs incomparables, comme lorsque Fernand et Franck ont tourné leur premier film ou entamé un triomphal tour de chant commun au Québec et aux Etats-Unis. Faits et anecdotes qui pimentent et enrobent l'histoire vraie donnent à cet ouvrage un ton particulier, une profondeur affective, une dimension des sentiments qui correspondent parfaitement aux Fernandel, le père comme le fils.
    Une iconographie riche et originale, des annexes proposant des témoignages, les grands prix attribués à Fernandel, sa filmographie exhaustive pour le cinéma et la télévision ainsi qu'un entretien peu connu de 1960, offrent à ce livre d'odeurs et de saveurs toutes les qualités d'un ouvrage de référence qui ne quittera pas votre table de chevet !"

Gérard BLUA.

    Je m'appelle Franck Contandin.
    Vous me connaissez certainement parce que j'ai fait l'artiste toute ma vie et que probablement vous avez écouté mes disques, vu mes films de cinéma ou de télévision, assisté à mes prestations théâtrales.
    Non ? Cela ne vous dit rien ?
    C'est étrange, car vous avez bien dû fredonner une fois dans votre vie "Elle a les yeux d'un ange, les yeux du ciel", sans par1er de "La Caravane Pacouli" dont on se transmet le souvenir en famille, devant son petit écran.
    Toujours pas ?
    Mais c'est peut-être que j'oublie quelque chose d'essentiel dans le fond: mon nom. Je veux dire, celui que je porte par la volonté de mon père.
    Vous croyez que je galèje ?
    Oui, je sais, tout cela peut sembler un peu compliqué, pourtant je fais vraiment partie de ces rares personnes qui peuvent se vanter d'être nées deux fois d'un acte d'amour paternel: une première, comme tout le monde, dans le berceau familial avec le nom de l'état civil. Une seconde, dans le berceau du spectacle avec le nom de gloire de mon père: Fernandel. Et celle-là, croyez-moi, elle est de la plus grande importance, car si le nom de famille est un automatisme légal dès sa naissance, l'autre, celui de l'intime, celui qui n'appartient qu'à celui qui l'a inventé par son travail et son talent, on l'offre non seulement parce que l'on aime, mais surtout parce que l'on reconnaît son fils dans son miroir et qu'on dépose ainsi dans ses mains sa confiance pour demain.
    Et ce demain-là, je le vis pour lui depuis le début de l'année 1971. Trente ans déjà. A retrouver mon Fernandel dans ses films que l'on rediffuse sans cesse, dans ses chansons, ses interviews. Trente ans que je vis deux fois par jour avec un seul nom.

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